« Un achat pressé est souvent matière à regrets ». Ce dicton populaire peut être utilisé pour illustrer un constat désormais consensuel : les défis auxquels sont confrontés les équipes d’achats sont particulièrement nombreux et une mauvaise appréciation des risques dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises peut engendrer des conséquences dramatiques.
Ces challenges ont été amplifiés au cours des dernières décennies par la mondialisation et par les progrès dans la digitalisation qui ont incité une majorité de sociétés à externaliser davantage, souvent dans une optique de réduction des coûts.

Ce mouvement a abouti à un renforcement de la dépendance des sociétés à leurs principaux fournisseurs et à une forte complexification des chaînes de sous-traitance. Aussi, une entreprise sur deux admet disposer d’une visibilité limitée sur les aléas pouvant survenir chez ses transporteurs et fournisseurs. Le centre des hautes études d’assurance évalue à 40% la baisse moyenne de la valeur boursière des sociétés ayant subi des ruptures de chaîne d’approvisionnement. Ce constat alarmant justifie l’approfondissement de notre analyse de la sous-traitance depuis l’introduction de SPICE.
Au-delà des impacts opérationnels, cette complexification de la chaîne d’approvisionnement a fréquemment généré des externalités sociales et environnementales dramatiques, comme en témoignent les controverses relatives à ces sujets (Nike, Mattel, Apple, Rana Plaza…). Les sociétés responsables de pratiques d’achats non vertueuses sont souvent pénalisées par des campagnes de dénonciation et des boycotts, démultipliant l’impact négatif des controverses.
La sensibilisation à ces problématiques est de plus en plus forte pour l’ensemble des parties prenantes des sociétés (consommateurs, gouvernements, investisseurs, ONG, médias).
A ce titre, nous accueillons favorablement la loi sur le devoir de vigilance, élaborée partiellement en réponse au Rana Plaza, qui incite les entreprises à une meilleure prévention des risques en matière d’environnement, de droits humains et de corruption.
Certaines sociétés, à l’image de Système U, ont déjà anticipé ces nouvelles exigences au travers de démarches d’achats responsables ambitieuses. Mais ces réglementations devraient encourager une adoption plus généralisée des meilleures pratiques d’approvisionnement mises en exergue dans cette lettre. Elles donneront également plus de poids aux démarches d’engagement que nous mènerons auprès des sociétés aux pratiques insuffisantes.